Préface

Article : Préface
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15 août 2016

Préface

J’ai déjà écrit quelques histoires que j’ai inventées, construites de toutes pièces ; d’autres qui sont autant de versions de ma propre vie, de mes propres expériences que j’ai fait exprès, ou pas, de maquiller, puis de voiler comme une jeune mariée que l’on dérobe, le temps de faire une entrée prestigieuse, aux yeux de son promis. Je n’ai jamais pensé qu’un jour je serais dépositaire de l’histoire d’une autre, chargée de l’écrire, de la romancer dans le but de la camoufler, certes, mais surtout, faire en sorte que les pages soient tellement bien écrites qu’elles accrochent le plus grand nombre de lecteurs, et surtout de lectrices, m’avait-on précisé, non sans continuer que les femmes du monde entier devraient bénéficier de la sagesse de cette femme, de cette ambassadrice de la paix et cetera, et cetera…

A aucun moment, je n’ai mis en doute la sincérité de celui qui m’avait élue comme dépositaire de cette vie dont je devais disposer, il a été catégorique là-dessus, avec le plus grand soin. C’est surtout la question de sa partialité qui m’inquiétait. Comment être sûre de ne pas tomber sur une femme, comme il y a de plus ordinaire, une militante, selon ses propres termes, qui a enduré, autant, peut-être plus, voire moins, que toutes les femmes qui m’entourent, que j’ai connues ou que je connaitrais. Une autre question a surgi, ni plus, ni moins pertinente que la précédente, et qui consistait à savoir si j’étais faite pour la tâche qu’on voulait me confier. Saurais-je mettre en récit la vie d’une parfaite inconnue qui me ferait, aussi longtemps qu’il faudrait, des confidences qu’elle soufflerait d’abord à l’écran de son téléphone portable, situé à des milliers de kilomètres du mien.
L’inconnue. C’est ce prénom que j’ai saisi, sans trop réfléchir, en enregistrant son numéro de téléphone sur ma carte sim. La première description, assez brève, qu’on m’avait faite d’elle, quelques lignes qui sentaient un héroïsme empreint d’un curieux mélange fait d’admiration et de pitié, ne contenait en fait aucune précision qui me permettrait de l’identifier.
Je ne sais ce qui m’a poussé à relever le défi. Courage, lâcheté, peut-être les deux. Une curiosité, surtout, que ses premières phrases ont réussi à éveiller. I have two jobs. Le lendemain, elle n’en faisait qu’un, ce qui lui permettrait d’avoir un peu de temps pour moi. Un rendez-vous que j’ai attendu avec impatience…
14 août 2016

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