Patrie meurtrière… Patrie meurtrie…

Article : Patrie meurtrière… Patrie meurtrie…
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15 août 2021

Patrie meurtrière… Patrie meurtrie…

Je suis née dans une patrie meurtrie, une nation écartelée par la guerre civile, écrasée par les crises régionales, malmenée par les tensions internationales. Enfant, j’ai fui ma maison sous une pluie d’obus. De retour, j’ai piétiné des débris de verre sur les escaliers, j’ai plongé mon regard dans les trous qui ont criblé les murs et j’ai passé mes doigts sur les fissures…

J’ai grandi à la lumière des bougies et j’ai inventé des rondes et des chants de victoire pour saluer une ampoule qui s’allume au bout d’un fil, souvent stérile. J’ai construit mon avenir, j’ai cru à mes rêves. J’ai fondé une famille et j’ai mis au monde trois enfants que je souhaite, aujourd’hui plus que jamais, arracher aux griffes d’une patrie meurtrière.

Au Liban, les enfants n’ont pas le droit de sortir. Dans mon pays, il n’y a plus de carburants.
Au Liban, les enfants n’ont plus le droit de tomber malades. Dans mon pays, il n’y a plus d’hôpitaux, plus de médicaments.
Au Liban, les enfants n’ont pas le droit d’avoir faim. Dans mon pays, depuis quelques jours, il n’y a presque plus de pain.

Les dirigeants de mon pays regardent, les bras croisés, ma terre brûler.
Les dirigeants de mon pays comptent les morts et les blessés, les émigrants, les suicidés, les hommes, les femmes, les enfants tués sans raison, emportés par une balle aveugle ou par la rage d’un compatriote en quête d’un litre d’essence… Les dirigeants de mon pays les comptent, les recensent, les alignent, les mettent en mots pour étoffer les accusations qu’ils se lancent et qu’ils se rendent, boules de neige, balles de feu qui nous écrasent et qui finiront par nous exterminer…

Où se cachent les gardiens de cette charte qui garantit, m’a-t-on appris, à chaque individu le droit de vivre en toute dignité, d’être soigné, nourri, éduqué? S’ils sont là, quelque part, je les appelle, je les conjure, car bientôt, ce sera trop tard…

Dans mon pays, c’est la fin, la fin d’un peuple, d’une nation; la fin d’une patrie… longtemps meurtrie.

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Commentaires

Zitouni Khadidja
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Merci Rima
(Tu trouves toujours les bons mots pour exprimer ce qu’on ressent.)

C’est bien de notre pays qu’il s’agit
Ce pays qu’on nous a longtemps envié.
Il ne nous reste plus rien que nos larmes pour pleurer.
On a suspendu les traitements des malades déjà condamnés.
Privé les foyers de lumière, d’eau et de pain .
Le monde entier est sensible à notre malheur, pourtant les dirigeants restent insensibles à la situation et continuent à s’accrocher à leur postes afin d’être sûrs de tous nous affamer.